Conférence de la Fondation Moumié sur les ingérences occidentales et le processus de développement africain - par Roufaou Oumarou
La Fondation Moumié a organisé le 20 mai 2011 à Louvain-la-Neuve Université dans la salle du Placet une conférence qui avait pour thème « les ingérences occidentales et le processus de développement africain: Comment devenir son centre propre à l’heure de la mondialisation ». Le conférencier était Thierry Amougou, modération Roufaou Oumarou.
Le conférencier à démontré que l’ingérence occidentale en Afrique est un phénomène permanent, continue depuis plusieurs centaines d’années, avec des points culminants qu’on peut distinguer comme la fameuse Conférence de Berlin, l’existence même des états coloniaux dont nous avons hérités au moment des indépendances, la conférence de Bandoeng, les processus mêmes des indépendances puisque ceux-ci ont souvent eu lieu sous interventions des puissances coloniales ou de l’ONU, le fameux « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes », etc.
Le président de la Fondation Moumié a passé en revue les 3 mondialisations qu’a connues l’histoire pour montrer que chaque fois, l’Afrique a
toujours été présente, au centre même mais elle a toujours été centralisée par les autres. Après avoir souligné le rôle prédateur et complice qu’a toujours joué une partie de l’élite africaine et
l’Etat de dépendance structurelle dans laquelle la faillite de cette élite a mis le Continent, il pose la question de la remise des Africains par eux-mêmes du continent au centre pour devenir
leur propre centre. Thierry Amougou a montré qu’il y a eu une période de l’Histoire où une Afrique réellement indépendante a existé, l’Afrique précoloniale dans laquelle il y avait tout ce qu’il
faut pour qu’un monde fonctionne: monde cohérent et complet, qui est en plus dynamique, notamment par les mouvements migratoires, les tensions nées des besoins entre ceux qui veulent centraliser
et ceux qui refusent d’être contrôlé, les guerres tribales/ Intercommunautaires. Bref une Afrique indépendante et «normale » et non un paradis sur terre à la « bon sauvage » de
Rousseau.
Il ne prône donc bien entendu aucun retour vers une Afrique mythique qui n’a existé en réalité que dans les fantasmes de certains. Il faut
privilégier les causes endogènes de nos problèmes afin de faire une analyse juste qui nous mènerait à des solutions et des actions libératrices. Le conférencier a signalé deux voies qui s’offrent
à nous : une voie radicale qui consiste à vouloir tout redéfinir, tout remettre à plat à partir du prisme afro centriste ou alors une voie « soft » qui consiste en fait à « élaguer », pour
parler comme Hampâté Ba, c'est-à-dire définir notre situation, nos solutions à partir de ce qui existe, dans le contexte de la mondialisation actuelle, en prenant ce qui nous arrange et en
rejetant ce qui nous détruit. La deuxième phase de la soirée qui était très animée était la phase des questions réponses. Les discussions et contributions ont tourné aussi bien autour de l’exposé
même de Thierry qu’autour des sujets actuels (Côte-D’ivoire et Lybie notamment) et de la Fondation Moumié. Le Président a fait une présentation succincte de la Fondation, ses actions et sa
philosophie. La conférence a pris fin à 23 heures.
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Roufaou Oumarou