La musique congolaise noyée dans la bouillabaisse politique. Interview Par Eric Mwamba

Publié le par Munsa Nzinga Kandombe

 

 

Les congolais de Paris contre Kabila. Paris, le 12 mars 2011 Les congolais de Paris contre Kabila. Paris, le 12 mars 2011

Lors de la présidentielle de 2006 presque toutes les icônes de la musique congolaise avaient chanté et dansé afin d’influencer le vote des populations en faveur de Joseph Kabila. En privé, certains parmi
eux affirment ne pas soutenir Joseph Kabila, mais avoir été payés pour sa campagne. Un geste qui nourrit la polémique. D’aucuns estiment qu’en tant que leaders d’opinion, ces musiciens devraient mettre l’art au service de la culture en tant que l’âme du peuple. Pourtant, ils sont accusés de verser dans la propagande politicienne. Résultat, “les Patriotes Résistants de la Diaspora ”comme ils se définissent, ont interdit les concerts des musiciens congolais en Europe, “jusqu’à la libération
du pays.” Papa Wemba, Werrason, Tshiala Mwana, Fally Ipupa pour ne citer que ceux-ci, en ont déjà fait les frais. Paris, Londres, Bruxelles, aucune capitale n’est épargnée. Africa Media 21 s’est entretenu avec Gaspard-Hubert Lonsi Koko, très actif lors des marches et manifestations organisées contre le régime de Kinshasa en dates des concerts annulés à Paris. Entretien :


Africa Media 21 : Selon de nombreuses sources, vous êtes le principal initiateur des actions menées récemment par "les combattants" de France contre les concerts des musiciens congolais. Votre réaction?

 

Gaspard-Hubert Lonsi Koko : Dire cela, c’est manquer du respect aux combattants et aux résistants patriotes. J’ai déclaré dans mes différentes interventions que, en tant que l’un des organisateurs des marches contre les violations des droits fondamentaux en République Démocratique du Congo qui se sont tenues le 19 février et le 12 mars à Paris, notre responsabilité s’est chaque fois arrêtée à 18 heures à la place de la République. Elle ne s’est jamais poursuivie au-delà de ladite place. Néanmoins, comme tout Congolais responsable, je partage sur le fonds leur point de vue. D’ailleurs la charte d’Union du Congo, s’agissant de nos principes et de nos convictions, préconise l’évolution des mentalités et le réveil de la conscience patriotique.

 

Africa Media 21 : Pourriez-vous préciser votre pensée ?


Gaspard-Hubert Lonsi Koko : Union du Congo, dont je suis le président, croit fermement que le renouveau et la reconstruction de la République Démocratique du Congo découleront de l’évolution des mentalités. Étant partisane de la bonne gouvernance et de la sauvegarde des intérêts nationaux, nous militons contre la dépravation des mœurs, la corruption et la mauvaise gestion de la chose publique. Cette évolution des mentalités doit surtout contribuer à l’émergence de la prise de conscience, facteur indispensable au réveil du patriotisme congolais. Or, les propos véhiculés par les musiciens concernés par le boycott des combattants et des résistants patriotes vont à l’encontre de ces principes. Vous comprenez que je ne puisse pas rester insensible aux exigences de tous ceux qui agissent en faveur de vraies valeurs.

 

Africa Media 21 : Comment se fait-il que ces deux manifestations se sont déroulées, comme par hasard, les jours où Werrason, Papa Wemba et Fally Ipupa devaient se produire ?


Gaspard-Hubert Lonsi Koko : Simple concours des circonstances. Hasardeuse coïncidence. En plus, ces marches se sont tenues de 13 h 30 à 18 h 00, alors que les concerts devaient avoir lieu, me semble-t-il, après 23 heures. Ceci dit, on sait très bien qu’on ne prête qu’aux riches, que l’eau va toujours à la rivière, que celui qui veut noyer son chien l’accuse de la rage. Personnellement, je ne fais pas du tout attention aux spéculations et aux commérages. Contrairement à ce que prétendent mes adversaires les plus farouches, je ne suis pas machiavélique au point de monter les uns contre les autres. J’ai plutôt proposé, sur les ondes de la radio Africa n° 1, l’adoption d’une charte de bonne conduite, ou de bonne vie et de bonnes mœurs, signée par les combattants de France, les associations congolaises, les partis politiques, les représentants des musiciens et ceux des pasteurs. L’objectif, c’est de mettre tout le monde d’accord sur quelques principes fondamentaux. C’est la voie, à mon avis, la plus efficace et la plus sage qui pourra satisfaire tout le monde.

 

Africa Media 21 : Si ces marches du 19 février et du 12 mars n’avaient pas pour seule finalité la perturbation des concerts, quels ont été leurs objectifs réels ?


Gaspard-Hubert Lonsi Koko : Il était question d’organiser, dans le prolongement des événements en cours en Afrique du Nord, quelques manifestations pour dénoncer les violations des droits fondamentaux en République Démocratique du Congo. Notre objectif a consisté à alerter l’opinion publique et à attirer l’attention de la communauté internationale sur les massacres d’étudiants, les arrestations arbitraires, le tripatouillage constitutionnel, l’usage des enfants soldats, les violences faites à la femme congolaise... Si nos actions ont pu permettre d’autres initiatives allant dans le sens de la conscientisation de la population congolaise, je ne peux qu’être tranquille vis-à-vis de mes convictions.

 

Propos recueillis par Eric Mwamba

 

 

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Gaspard-Hubert Lonsi Koko

http://fr.wikipedia.org/wiki/Gaspard-Hubert_Lonsi_Koko

Publié dans Economie-Politique

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