LA COMPÉTENCE Évaluez le Nù qui est en vous - par Nsaku Kimbembe

Publié le par Munsa Nzinga Kandombe

.Masque Kongo - Ngunza

« Les sages ngûnza définissent le Nù comme une énergie strictement individuelle et personnelle. Elle le pousse au travail pour manifester des compétences qui lui sont strictement propres. Le Nù est la source et l'origine de l'autorité. Il est la profondeur du cœur humain. Il est l'énergie de la prédestination des compétences. La compétence n'est valable que lorsqu'elle est en harmonie avec le Nù. Il y a autant de Nù que d'humains. Lorsque les sages kôngo parlent de compétences, ils en distinguent de deux sortes: la compétence profonde et la compétence superficielle.

a) "La compétence profonde" est celle qui "bâtit un village", terme qui signifie être un leader pour unir les humains, afin de les diriger; […] Le Nù est l'énergie qui donne du poids à un être humain. Elle le remplit. Il peut être de petite taille, mince, jeune, (ou moins jeune), maigre, insignifiant, laid, illettré, mais il inspire du respect. Son Nù lui donne du poids et de la valeur. Sa présence, sa parole, son attitude pèsent. Sa seule présence pèse dans le village et la société. Le village et la société toute entière se reconnaissent en lui. Il est écouté et suivi. […] Les sages kôngo avaient compris que pour bien éduquer un enfant, il était nécessaire de connaître son Nù. […]

[…]
b) "La compétence superficielle" est celle que l'on acquiert après un apprentissage. La compétence de l'avoir. C'est une compétence qui ne touche pas la profondeur de l'être. L'école moderne apporte les compétences superficielles "Mayela ma mikanda kwa me nândi" (il est bardé de diplômes; mais il ne vaut rien). En effet, l'on peut être bardé de diplômes et être creux. Les compétences modernes, issues de l'école sont utiles, mais toutes seules, elles ne sauraient bâtir la société kôngo. Les connaissances intellectuelles concernent l'intellect; elles ne concernent pas le cœur. […] Les Kôngo estiment que l'intellect voient les choses à la surface; le cœur les voit en profondeur. Celui qui voit les choses à la surface ne peut bâtir un village. […] Il et besoin d'un équilibre entre la compétence profonde et la compétence superficielle.

Le Nù est un mossi. Il ne se prête pas; il ne s'hérite pas non plus. Le Nù, est le mbà intérieur d'un individu, soit sont mbi. Chacun est unique. Si l'on ignore le Nù d'un individu, alors nul ne peut rien pour lui. Un dicton kôngo précise "qu'on peut faire un enfant, mais on ne peut faire son cœur". Le Nù ne se fabrique pas. Ce dicton définit le Nù. Le Nù ne se fabrique pas, il ne se forme pas; il se découvre. L'éducation et l'instruction étaient données à l'enfant en fonction du Nù que l'ancien avait débusqué en lui. Les grands pédagogues ngûnza dont Matsuwa-ma-Ngoma, l'avaient compris; c'est ainsi qu'ils travaillaient.

Nsak
u Kimbembe, "Confins spirituels du Kongo royal" tome 1, p.202-205

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