AFROCHIC!- par Kwanza Millenium

Publié le par Munsa Nzinga Kandombe

 

Malgré toute bonne volonté, il reste difficile de juger une personne sans prendre en compte son apparence générale, Je ne parles pas d’amitiés ou de relations prolongées mais juste de simples coups d’oeuil sur un ou une inconnue dans la rue. Quand on regarde les noirs dans la rue, que voit-on ? On voit des rastas en dreadlocks, cools et négligés, des fashion victimes (plus victimes que fashion), des « gangstaz » avec leurs accoutrement tout droit importé du Bronx, des mamas en boubou qui ont toujours l’air fraichement débarquées et bien-sûr, on voit les bounties en costume trois pièces ou polo Ralph Lauren… Dans tous ces styles, on a du mal à reconnaitre des noirs fiers mais pire encore, on a du mal à reconnaitre des noirs conscients ! Le rasta est sans doute fier d’être noir mais sa conscience semble toujours troublée par des substances « bizarres », les fashions victimes font mine d’être noirs et fiers alors qu’ils adoptent le comportement le plus toxique pour leur peuple, quant au ganster (genre trop ghetto, t’as vu…) on le soupçonnera toujours d’être impliqué dans des trafics en tout genre. La mama en boubou est de très loin le personnage le plus sympathique, mais malheureusement pour elle, son accoutrement tient plus du folklore que de la mode et revoie une image immobiliste, enfin, le bounty ayant totalement abandonné la bataille de la fierté, il représente le noir accompli et respectable dans les sociétés occidentales ou à influences occidentales. Le plus triste dans tout cela n’est pas l’image catastrophique que les noirs renvoient aux blancs (on ne doit même pas s’en préoccuper), le plus triste est l’image que le noir se donne à lui même, plus triste encore, il n’imagine son accomplissement que dans l’occidentalisation.

Comment remédier à cela ?


 

Femme du Royaume Loango


Pour en finir avec ce complexe d’infériorité à peine caché, l’homme noir doit apprendre ou réapprendre à ne valoriser que l’excellence Africaine et prolonger cet état d’esprit au delà des apparences. Il s’agirait donc de créer une mode dont l’état d’esprit correspondrait à la définition d’Afrochic, Africain et chic à la foi, chic ne voulant pas dire hors de prix, mais élégant, discret, tendance, imaginatif tout en étant en harmonie avec l’esthétique africaine. Et si ce mouvement peut avoir la mode comme point de départ, il peut aussi contaminer le cinéma, la musique et tous les domaines qui influent sur les populations et marquent leur époque.


 

Femme Masaï


Alors bien-sûr, le mouvement « afrochic » n’est pas nouveau, mais il est soit incohérent et quasi ordurier (femme défrisée habillée en « sauvage civilisée ») ou soit il est carrément hypocrite car il clame « black is beautiful » en s’adressant aux blancs, le message subliminal étant: Ô grand dieu blanc sauvez moi des autres fauves noirs, moi je suis récupérable…

Donc, le mouvement Afrochic doit s’adresser aux noirs, et leur faire comprendre qu’on ne fera pas rougir un Kamite et qu’il est donc inutile de souhaiter devenir blanc à la place du blanc. Et qu’il appartient aux noirs partout où ils sont d’apprendre à définir leur notion de l’excellence et de l’accomplissement pour la rendre inimitable L’Afrochic se devra donc d’exploiter tout ce qui est propre à la race noire, caractéristiques physiques, cultures noires, histoire africaine, traditions etc. Et comme il est très important que cette notion du « chic » ne magnifie que la race noire, il va de soit que les salons de coiffure-afros doivent être vecteurs de la popularisation de cette mode, premièrement parce qu’on y passe de longues heures à lire ou discuter, il suffit juste d’orienter les lectures et les discussions dans le bon sens ! Et deuxièmement parce seuls les Afro-descendants se rendent dans ces salons, il est donc aisé de s’y retrouver entre noirs. Dans la lignée des salons Afro peuvent émerger boutiques (prêt à porter, droguerie, épicerie…) faisant la promotion de l’esprit Afrochic tout en offrant un débouché à l’économie Africaine et permette aux diasporas Africaines de cesser d’engraisser ceux qui achèvent la mère patrie. Ensuite peuvent être créés, cafés-librairies, restaurants, bars, discothèques, clubs privés…


 

 

Pour pourquoi pas aboutir vers des centres commerciaux Afro, c’est un peu combattre le mal par le mal car en effet, alors que la diaspora a de très loin le plus grand potentiel d’action pour redresser l’Afrique, elle reste complètement envoutée par la société de consommation occidentale, la seule solution restante est de faire une entorse à nos beaux principes et lui proposer, au moins un temps, la Renaissance Africaine comme un produit de consommation, mettant en avant l’héritage de l’Afrique (de l’Antiquité à la fin du XIXème siecle), mais aussi sa vitalité, ses couleurs, ses paysages, son ambiance et surtout ses nationalités pour que les gens comprennent que les Etats post-coloniaux n’ont vraiment pas lieu d’être et considèrent les peuples d’Afrique comme de vraies nations qu’ils sont et non comme de vulgaires tribus néolithiques qu’ils ne sont pas (et n’ont jamais été).

 

Hwemudua, Adinkra Ashanti de l'excellence.


Si vous êtes vous même dans la coiffure Afro, dans la mode ou dans le commerce communautaire ou bien si vous connaissez quelqu’un dans un des domaines pouvant intéresser de près ou de loin l’Afrochic, et que les propositions énoncées précédemment vous semblent envisageables, n’hésitez plus ! Et si vous pouvez enrichir ce texte, dites nous tout !

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